Ma dernière tribune signée en qualité de sénateur sera pour l'Arménie, et son peuple qui subissent une épuration ethnique et culturelle dans l'indifférence presque générale. Honte à la communauté internationale, honte à cette europe complice des bourreaux, honte aux médias publics français qui qualifient de "séparatistes" les Arméniens, alors qu'ils vivent sur ces terres depuis plus de deux millénaires. C'est loin l'Arménie, mais c'est proche par la chrétienté, c'est proche par notre histoire partagée, par la culture et par le sang mêlé. Le massacre des arméniens est pour la France une humiliation supplémentaire. Espérons comme l'écrivait Charles Aznavour : "Tes beaux jours renaîtront encore, après l'hiver, après l'enfer, poussera l'arbre de vie pour toi Arménie."
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Monsieur le Président,
Nous avons « chassé les Arméniens comme des chiens » de l’Artsakh (Haut-Karabagh) avait claironné le Président azéri Ilham Aliyev à l’issue de sa guerre d’extermination menée à l’automne 2020 contre cette terre qui est arménienne depuis plus de vingt-cinq siècles. La brutale offensive militaire qu’il a déclenchée le 19 septembre dernier vise à éradiquer définitivement la présence arménienne en Artsakh. Cette nouvelle attaque qui a déjà causé plusieurs centaines de morts et de blessés, s’accompagne de viols, de tortures et d’actes de barbarie. Des milliers de personnes se retrouvent déplacées, tenaillées par la faim et le froid. Luis Moreno Ocampo, ancien procureur de la Cour pénale internationale vient de déclarer qu’« aujourd’hui les Arméniens ont besoin des dirigeants du monde, y compris Biden, pour mettre un terme au nouveau génocide qui a commencé l’hiver dernier et qui entre maintenant dans une phase plus violente ». Nous parlementaires français, souhaitons attirer votre attention sur le crime absolu qui est en train de s’accomplir sous nos yeux. Sur les réseaux, les Azerbaïdjanais se vantent de leurs exactions et menacent ouvertement des pires horreurs.
L’organisation de Défense des Droits de l’Homme, Christian Solidarity international, a publié l’appel d’un soldat qui offre 500 dollars à qui lui livrera une jeune fille dont il publie la photo. Ailleurs, elle mentionne des commentaires azéris sur les enfants de ces « fils de putes » d’Arméniens voués à « être violés, coupés en morceau, donnés à manger aux chiens ».
Comme toujours, la réaction de la communauté internationale s’est révélée plus qu’insuffisante. Au mieux, l’on s’est contenté de paroles de dénonciation. L’Union européenne, pour sa part, a fait preuve d'un immobilisme qui interpelle !
Certes, la France a eu le mérite de clairement condamner l’agression de l’Azerbaïdjan. Mais cette fois, Monsieur le Président, les paroles ne suffiront pas. Il faut des actes très forts à la hauteur de l’indicible tragédie qui est en train de se nouer aux portes de l’Europe. La France, au conseil de sécurité de l'ONU, se doit de convaincre et de mobiliser ses amis et ses alliés pour une indispensable mission humanitaire.
Les puissances occidentales ont octroyé autour de 50 milliards d’euros d’armes à l’Ukraine depuis le 24 février 2022. En revanche, pas une seule cartouche pour l’Arménie !
Les intérêts économiques et géostratégiques, notamment l’achat du gaz azerbaidjanais par la Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen qui a déclaré que « l’Azerbaïdjan était un partenaire fiable », ainsi que les autres confits qui éclatent aux portes de l’Europe ne doivent pas condamner une nouvelle fois les Arméniens à mourir dans le silence.
Aujourd'hui, au-delà des clivages et des logiques partisanes, nous vous exhortons à prendre des mesures immédiates et décisives pour stopper ce génocide qui n’est que la continuation de celui commis en 1915. Cela doit inclure la mobilisation de notre diplomatie pour promouvoir un cessez-le-feu durable, l'acheminement de l'aide humanitaire nécessaire, ainsi qu’une protection effective de la population artsakhiote qui se retrouve totalement démunie et à la merci de la sauvagerie de la soldatesque azérie. L’absence de condamnation de l’Azerbaidjïan et de sanctions applicables de la part de la communauté internationale ne peut qu’inciter le dictateur Aliyev à poursuivre sa politique expansionniste, révisionniste et génocidaire.
Il y a plus Monsieur le Président. Le Président turc Erdogan a publiquement avoué que son but ultime était de turquifier et d’islamiser la France et plus généralement l’Europe. Le néo-sultan rêve de réussir, d’abord par la démographie, là où ses prédécesseurs ottomans ont échoué par les armes aux XVIe et XVIIe siècles. Dès lors, apporter un soutien massif à l’Artsakh et à l’Arménie ne constituerait pas seulement un acte de justice, d’humanité et de dignité qui aiderait cet îlot oriental chrétien trois fois millénaire à ne pas disparaître sous les coups des génocidaires. Il s’agirait aussi de protéger notre pays et notre civilisation du fléau du panturquisme et du néo-ottomanisme, car après les Arméniens, tôt ou tard, notre tour viendra."
Henri Leroy, Valérie Boyer, Sébastien Meurant,...
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